La chaleur m’écrase, me broie, m’étouffe, je ne suis plus bonne à rien. Pourtant tu es née en Afrique me dit Geoff. Et bien oui, mais cette chaleur qui n’en finit plus n’est pas mon amie. Elle ne l’a jamais été. Si je l’ignore elle me donne des vertiges. Quand j’était gamine on me disait paresseuse quand je rentrais des pêches au milieu de la matinée pour retrouver la fraicheur de la maison.
Hier sur la terrace, Hervé en jouissait comme un lézard. Pour les ânes et les brebis pas de soucis non plus. Mais pour nos islandais c’était dur. Chez eux la température normale en été est de 18 degrés. Ils sont rentrés samedi dernier après 15 jours de vacances enfermées ici avec leur bébé. Ils avaient hâte de rentrer chez eux, les pauvres.
Bien sûr comme partout, l’herbe ici a cramé. Les frênes, chênes, noisetiers, et autres espèces sauvages résistent bien. Si ce n’était pour mes quelques arrosoirs les derniers fruitiers plantés auraient rendu l’âme. Le verger n’a pas l’air de souffrir et c’est étonnant autant qu’appréciable. Peut-être les herbes hautes partout y sont pour quelque-chose ?
Avec Brieve nous avons raccordé la sortie des eaux usées (soi-disant buvable !) avec la cuve juste au-dessus de la serre et plus de problème d’eau là. Ça nous a pris une heure. Le terrain est en pente donc tâche facile. Pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ?
La réserve d’eau au-dessus du jardin est maintenant sèche. Toute l’année elle y récupère la pluie des toits de granges et c’est la première année qu’il n’y a plus d’eau. On pense que le beau chêne qui grandit si vite et tout près, y puise ses racines depuis quelques temps et maintenant la réserve fuit trop pour nous être utile pour le potager. Ce sera un travail à l’automne que d’y descendre pour inspecter le dégât et y remédier…
La pompe du puit ne marchant plus non plus, ce sont les arrosoirs et les jambes qui travaillent et on arrose le verger un minimum de temps en temps .
Donc quelques déboires avec les réserves d’eau cette année, mais quelques succès aussi : la vigne pour la première fois est pleine de bon raisin bien gonflé et sucré. Depuis sa plantation j’avais toujours refusé de la sulfater même si dans la région les viticulteurs bio utilisent la Bouillie Bordelaise. Tout ce cuivre qui s’accumule dans les sols n’offre rien de bon, même s’il protège la vigne de la rouille. A l’automne dernier j’avais recouvert le sol de broyat vert de branches et de feuilles, qui a bien gardé l’humidité ainsi que nourrit cette terre à fleur de rocher.
Les tomates donnent bien et Geoff en fait sécher beaucoup au soleil. Il n’y a plus de repas sans salade de tomates ! Les poivrons et les aubergines commencent à donner aussi et cueillis le matin, cuits à la poêle à midi et resservis le soir, c’est un festin. Qui s’en lasserait ?
Les pommes sont mures, les poiriers sont couverts de fruits mais pas encore prêts à la cueillette. Les pêches de vigne sont grosses mais encore trop vertes. Les figues blanches nous régalent, ainsi que les reines-claudes de nos amis partis en vacances. On met en pots, on n’arrête pas. Compotes pomme/prune, pomme/rhubarbe, prune/amaretto…prunes au sirop, prunes en confiture, et prunes pour les brebis et les ânes qui en raffolent !
On fait aussi du cuir de prune : des prunes cuites avec un peu de sucre et étalées en couche fines dans des plaques de four et séchées au soleil. Une fois sèche, cette pate mince comme du papier et souple comme du bon cuir est coupée en ruban et roulée. Elle se conserve longtemps et c’est délicieux. On recommencera avec les poires William et les pêches.
Autre plaisir, les petits poulets qui ont maintenant 2 mois, vivent dans une petite dépendance à quelques mètres de l’entrée de la maison. On espère que de les avoir plus près va nous aider à les protéger plus longtemps du renard….A leur sortie de l’incubateur j’étais convaincu d’avoir 4 coqs et une poule. Et puis avec les jours qui passaient je me disais avec joie, mais non ! c’est 5 poules ! En fait hier je les regarde ébahie : il semble bien qu’il y ait au moins 2 coqs dans ce lot. En fait je suis nulle, alors attendons encore avant de prédire quoi que ce soit.
Ce qui me rappelle une histoire drôle d’il y a longtemps, quand maman avait demandé à son amie dans la ferme voisine de nous réserver un chiot male et quelques mois plus tard les fou-rires du mari qui s’est bien moqué de sa femme quand on leur a dit que notre petit male était en fait une petite….
Cette nuit un orage a tout rafraichi. La météo nous l’avait promis depuis plusieurs semaines mais on n’y croyait pas. Depuis plusieurs semaines des nuages de pluie tournaient au-dessus de chez nous et puis allaient toujours se déverser plus loin.
Nous avons maintenant quelques jours de fraicheur alors profitons-en.