Imaginez ça. Nous sommes aujourd’hui jeudi matin 16 juin et tout va bien dans la boîte près de la fenêtre.
Mais revenons à dimanche, il y a quatre jours. Pendant le diner je dis à Geoff demain les petits naissent.
Nous avons retourné les œufs 4 à 5 fois/jour depuis 20 jours. J’avais un réveil sur mon téléphone avec une alarme toutes les quatre heures pour ne pas oublier.
Dans la chambre de maman, dans la petite couveuse, 9 œufs de nos poules, tous différents en taille et en couleur, reposent en rond côte à côte. Le désir d’une nouvelle troupe de petites Alison-Louises, Queenies, Cinders et Nadettes est très présent.
Nous aimions nos filles. Malheureusement, le renard aussi.
La température est de 37,6. Nous ajoutons quelques gouttes d’eau régulièrement dans le petit container conçu pour réguler l’humidité et nous retournons les œufs. Sur les coquilles une date sur un côté et une croix sur le côté opposé. Facile.
Deux jours avant l’éclosion, nous arrêtons de les retourner. Les poussins doivent se positionner dans les coquilles et se préparer au Jour J. Ils doivent sortir par l’extrémité la plus large de l’œuf.
Nous doublons également le taux d’humidité pour ramollir les coquilles.
Avant d’aller me coucher ce dimanche soir je vérifie les œufs : Un poussin a commencé le travail d’éclosion et un petit bec noir pointe.
Le lundi matin, le trou n’est pas plus grand mais un autre poussin dans un autre œuf commence lui aussi à vouloir sortir.
Le soir du même jour deux poussins ont réussi à percer et peinent à se dégager des coquilles. Dans les instructions de l’incubateur on peut lire : ne pas ouvrir l’incubateur une fois que les poussins ont commencé à éclore et les y laisser pendant 24h. Ils n’ont besoin ni de manger ni de boire, seulement de se sécher et de se reposer.
Le premier poussin en est toujours au même stade, avec son bec dehors qui continu à piailler mais rien de plus ne se passe.
Le mardi matin, il est évident que quelque chose ne va pas avec ce premier poussin. Il avait percé par le mauvais bout de l’œuf et est maintenant complètement coincé avec une substance coagulée sur tout visage.
Je me sens mal mais je suis les instructions du fabricant et je résiste à la tentation d’ouvrir l’incubateur.
À l’heure du déjeuner, je n’en peux plus et j’interviens pour sortir les 2 premiers poussins séchés de l’incubateur. C’était trop compliqué pour eux de négocier les coquilles vides et le manque d’espace.
Hop ! dans la boîte de Solo où se trouve une ampoule installée à la bonne température.
Je sors aussi ce premier poussin pour voir si je peux faire quelque-chose pour l’aider. Instructions ou pas, je ne peux pas ne pas faire quelque chose.
Il n’est pas beau à voir. Mais par où commencer ?
Je retire doucement un peu de croute autour son bec et de son visage, et si tôt fait du sang jaillit ! Oh mon dieu, je viens d’enlever un bout de peau de son crâne !!!
Je me sens profondément honteuse. Je remets l’œuf dans l’incubateur en sachant que le poussin est foutu. Merde….
Le soir, deux autres poussins sont sortis. Nous en avons maintenant quatre qui dorment dans la boîte sous la lampe.
J’ai laissé l’incubateur allumé, nous attendons toujours l’éclosion des 4 œufs restants et puis il y a ce premier poussin qui étonnamment crie toujours : piou ! piou!
Il sera mort demain matin. Je me sens très mal.
Mercredi matin, il crie encore et cette fois, mort pour mort, je vais tenter quelque chose. Je le sors et sous l’eau chaude dans la salle de bain, à l’envers et en protégeant son bec, je commence à briser la coquille sous ses pieds. Pop! une première jambe s’éjecte comme un ressort! Et l’autre!
Sous l’eau chaude, un petit corps bien vivant est lavé et libéré des restes de sa coquille.
Il va très bien, Alléluia ! Je l’enroule dans mon t-shirt pour le garder au chaud pendant qu’il sèche.
Il a passé 3 jours à appeler. En fait, il n’a jamais cessé d’appeler. Il est faible mais il est vivant. Le sang qui m’a tant effrayé provenait de l’œuf et non de lui…
Il se repose un moment dans l’incubateur puis rejoint les autres.
Rien des quatre œufs restants. Pas un son. Pas un signe de vie. J’éteins l’incubateur.
Ces quelques jours ont été stressants et je suis épuisé mais je suis si profondément soulagée.
Ce matin dans leur boîte, ils sont tous endormis. Le petit rescapé blotti contre les autres me fait si plaisir.
Geoff l’a appelé Gloria, Gloria Gaynor, je survivrai !
Alléluia ! J’imagine l’épuisement après tant d’émotions. Et l’émerveillement final !
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Et ça grandit si vite !
La question reste : Saura-t-on les protéger mieux ?
(J’ai quelques soucis avec mon blog Daniele : je ne peux plus éditer ce que j’écris depuis quelques mois et il y a donc des fautes d’orthographe et de syntaxe ici et là. En fait je ne suis pas reconnue comme l’auteur …. As-tu le même problème par hasard ?)
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