Depuis deux jours la brume du matin qui s’étire et qui flotte toute légère autour de chez nous, nous offre des paysages éphémères féeriques. Aujourd’hui les pins au nord au-dessus du Boutiq voguent au-dessus de la vallée et Belmont St foi a disparu. Disparue aussi la ferme de Maurice et Somplessac. Au sud des vagues blanches sont en marche lente comme une procession silencieuse. Un tableau hivernal lumineux invitant le marcheur à s’arrêter quelques instants.
Les ânes broutent l’herbe gelée derrière la grange. On attend Geoff qui met ses chaussures. Le soleil levé depuis peu, pale et diffus, caresse chaque brindille de sa lumière douce.
Aujourd’hui on choisit une autre route pour emmener les ânes dans leur pré. On prend la direction de Mazerac, mais vite on laisse le chemin qui descend au cimetière et on tourne à droite, on laisse le moulin à gauche et on monte sur le Pech. Les ânesses et les juments de Mireille sont là quand on passe, et Geoff qui sort une pomme de son sac les attire à la clôture. Derrière elles notre village perché sur l’autre versant se devine à peine dans la brume.
On continue de monter et au niveau de la ferme de Dani on redescend par la route de Bonnecourse en passant devant chez Mireille sous des immenses chênes qui nous accompagnent sur une centaine de mètres. Cette descente-là est rude pour les cyclistes autant que les marcheurs, qu’on la prenne dans un sens ou dans un autre. Pour les ânes pas de problème, on broute un peu en marchant sur le talus, mais on regarde surtout, on observe tout, on écoute, on prend des repères.
Cette route de Bonnecourse a changé de nom il y a de cela quelques années déjà, quand ils ont numéroté chaque maison et chaque ferme pour que les services médicaux et les pompiers s’y retrouvent plus facilement avec leur GPS…mais pour nous cette route reste la route de Bonnecourse. Mireille m’a dit, Bonnecourse est le nom du ruisseau en bas de la côte qui prends sa source dans les vignes d’Éric et qui remplit le petit lac au niveau du pont à l’entrée du village de ce côté-là, avant de continuer sous-terre pour aller rejoindre la Lère du côté de chez Amédée. L’an dernier, lac et ruisseau étaient à sec. Canards sauvages et ragondins sont maintenant de retour.
Passé ce petit pont on remonte dur et juste avant le Pech de Treille, c’est une douzaine de chiens qui nous accueille de part et d’autre de la côte, avec des aboiements assourdissants. Les ânes ne bronchent pas, impassibles au bout de leur longe. La plupart sont des chiens de chasse et donc enfermés toute la semaine dans des petits jardins. Pas de promenade pour eux, pas de liberté non plus….
En arrivant au croisement, la vue s’agrandit et on voit loin : A gauche en bas La ferme vide de Noelle en direction de St Georges, en face le village, et à droite une autre côte bien rude encore avant d’arriver sur un plateau avec une autre belle vue sur le village, versant sud, et notre maison au loin sur son pech au nord. Mais ça, c’est quand il fait beau !
Pour le moment, rien de précis a plus de 20 mètres. On est à mi-chemin d’une boucle de 4 kms dans la brume.
Un peu plus haut c’est la chienne de Corine qui attend les gourmandises de Geoff. On ramasse quelques pissenlits pour les poules, on continue tranquilles au rythme des ânes. Ça faisait si longtemps qu’on ne s’était pas baladés ensemble, c’est sympa.
Quand on rejoint enfin la grande route au bout du Pech de Treilles, on tourne à droite laissant le village derrière et on marche plus vite maintenant longe courte. Les bas-côtés ont été rasés, plus une herbe qui dépasse, plus une pâquerette qui oserait se montrer, seulement ici et là une cannette broyée ou un paquet de cigarettes écrasé.
2 kms plus loin les ânes rentrent dans leur pré. Quand on les laisse derrière leur clôture pour rentrer chez nous, têtes hautes ils nous suivent des yeux pendant longtemps sans bouger. Que me disent -ils ? C’est vrai on était bien ensemble et ils auraient aimé peut-être un peu plus de ce vagabondage.
C’est un brouillard épais maintenant qui s’installe chez nous du matin au soir. Binie passe de plus en plus de temps sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. Elle aimerait tant rentrer mais elle hésite encore. Couscous n’en veut pas et les rencontres sont tendues. Pour ce qui est de Curry, il ne la chasse plus. Avec son gros ventre tout enflé il semble plus doux et pourrait nous faire croire qu’il va bien. Mais il ne mange plus ou presque plus. Pourtant son poil est beau et ses yeux brillent. Pour Evelyne, la guérisseuse, elle ne pense pas que c’est une tumeur. Elle le tient sur ses genoux et chose extraordinaire il ne bouge pas. Au bout de quelques minutes elle sent qu’il se relâche. La chaleur lui fait du bien me dit-elle.
Elle a guéri son chat il y a 2 ans après une visite chez le vétérinaire. Ils n’avaient pas su répondre au pourquoi son chat maigrissait à vue d’œil sans rien vouloir manger, mais ils avaient su lui faire ouvrir son porte-monnaie. Alors elle s’est dit qu’elle allait essayer sans leur aide et tous les jours son chat se mettait sur ses genoux à la même heure pour un reiki.
Ça a marché. Apres 20 jours de jeune il s’est remis à manger, il était sorti d’affaire. Quand je lui ai téléphoné pour Curry elle m’a dit on va essayer….Merci à tous ceux qui ont aidé, Curry monte facilement sur nos genoux à présent et se laisse caresser. Il semble apprécier et c’est très doux…
Pleins de bonnes énergies pour Curry et des caresses aux ânes.
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Lovely descriptions, and nice that you find time to write.
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