« C’est ton année » me dit Geoff. La restauration de la grange a commencé : Un projet ambitieux vue la taille du bâtiment.
En Juin dernier je me suis déclarée retraitée pour pouvoir m’y consacrer. En vue de la folie nationale en cours, se laisser porter par un projet fou, quelle sagesse….
Cet été nous avons donc commencé par une terrasse en pierre. En arrivant ici il y a 10 ans nous avions démoli l’étable à vaches des années 60 attenante à cette grange et gardé seulement son sol en béton. Et depuis cet espace était en attente. Ronces, pruneliers et cerisiers sauvages y faisaient la fête. Les ânes aimaient y mettre un coup de dents au retour de balade et souvent je me mettais à rêver du quand et comment et un jour peut-être?
La terrasse est sur plusieurs niveaux. Au niveau inférieur les grands vitrages d’une salle de vie invitent l’or du soleil couchant. Au niveau supérieur devant la porte de la future cuisine, un bassin pour nos petits poissons où l’eau filtrée par des roseaux de deux autres petits bassins y coule paisiblement entre les pierres…
Et plus haut encore derrière les bassins, à quelques mètres de la communale qui dessert le Pech, un autre mur attend un camion de terre pour y planter un arbre, des buissons et des bulbes qui changeront de couleur et de forme avec les saisons et nous enchanteront….
Ce rêve de grange rénovée…. En faire un lieu de paix, de partage. Soirées tricot avec les voisines, après-midis couture, musique, yoga, échange de boutures et de rire, beaucoup de rire et de légèreté… les idées ne manquent pas, l’enthousiasme non plus.
Et les ânes ! Ne pas oublier les ânes ! Les balades dans le bois derrière Mazerac sont un tel plaisir. Partager le bonheur des ânes avec grands et petits de notre commune pourrait se rajouter à cette liste d’idées.
La dernière balade avec maman, Nicole, Catherine, les cousins et les ânes dans les bois remontent à si longtemps. C’était l’époque des pyrales du buis, ces papillons si destructeurs, souvenez-vous : la tristesse de tous ces buis complètement bouffés par leurs chenilles vertes.
En traversant les bois ce jour-là, tous les sentiers de buis ancestraux étaient traversés de part en part de leurs milliers de toiles nous barrant le chemin, transportant ces passagères infatigables dans leur quête de tout dévorer. C’était irréel, cauchemardesque. Même les ânes on dit berk ! Quelques semaines plus tard à peine ces mêmes buis dénudés de leurs feuilles étaient devenus des squelettes moribonds. On est sortis des bois couverts de fils de soie collants à nos vêtements et leur chenilles… Berk, berk, berk!
Je mise sur les douches froides matinales façon Wim Hof pour que cette énergie tant nécessaire à ce projet reste au rendez-vous.
Je mise aussi sur la méditation que je viens de découvrir. Ma concentration est si éphémère, ma tête vagabonde bien loin, très loin, très souvent, très vite. Revenir, accompagner chaque inspiration quand elle rentre, descend jusqu’au ventre et puis remonte avant la prochaine et puis recommencer en conscience….Facile à dire…Mon genou droit se plaint, ma hanche droite aussi. La souplesse que j’ai toujours connue et prise pour un dû s’est esquivée sans bruit et je reste surprise : la vieillesse montre t’elle son nez ? Un peu d’arthrose…je vais aller voir ce que me recommande Rodolphe Bacquet.