Mais c’est une volière !

Philippe est impressionné. Derrière le double vitrage de la porte fenêtre, confortablement installé dans un fauteuil on peut les observer toute la journée sans les déranger et on se régale.

C’est vrai, il y a tellement d’oiseaux autour de la mangeoire, et cette année il semblerait que ce soit l’année des gros-bec-casse-noix. Il n’y en a jamais eu autant et ils sont les premiers là au lever du jour. On en compte six ce matin.

Je me souviens l’hivers 2018 était l’année des chardonnerets. Ils étaient une vingtaine au moins à se nourrir ici. Depuis on en voit un ou deux de temps en temps, mais pas plus.

A deux mètres à peine de la fenêtre, nos amis y trouvent du tournesol à gogo, des boules de graines, des cacahouètes, du beurre… Sur le devant de la mangeoire un abreuvoir pour les baignages et la toilette des plumes. C’est vraiment très joli.

De temps en temps ils se cognent contre la vitre et s’enfuient aussitôt un peu sonnés quand même. Quelque fois il y en a un qui tombe et qui ne se relève pas : le choc a été trop violent. Heureusement c’est rare et plusieurs fois on a pu les ramasser et en les gardant bien au chaud dans nos paumes au bout de quelques minutes ils sont de nouveau frétillants. Quelle résilience !

Il y a aussi l’épervier qui guette. L’hivers c’est plus facile pour lui avec l’orme tout nu, il ne les rate pas souvent. Son passage est spectaculaire : Il passe si vite devant la fenêtre qu’on a tout juste le temps de deviner ce qui se passe : plus un oiseau, plus un son….ils sont tous allés se planquer dans les buissons. Mais l’été c’est la fête. L’orme comme une mère poule leur offre la protection nécessaire et ils sont moins vulnérables.

Une année, assis sur la terrace, Jean Cri nous avait fait la liste de tous les oiseaux qu’il voyait et qu’il entendait autour de nous et dans le petit bois sous le balcon. Il en avait compté 23 : Des mésanges bleues et des charbonnières, des verdiers, des accenteurs, des merles et des pies, des moineaux, des sitelles, des pinsons, des piverts, des geais bien sûr et des pigeons, un rouge gorges, un troglodyte, des mésanges nonnette, notre rossignol, notre coucou, les corbeaux, le couple de huppes, un loriot…et ceux que j’ai oublié. Responsable de la faune et la flore dans le département du lot il passait ses journées entières en pleine nature et son oreille était bien fine.

Geoff reconnait maintenant pas mal leurs chants qui restent pour moi un mystère, et il observe leurs habitudes autour des mangeoires : les mésanges sont tolérantes. Elles balancent les quelques graines qui ne leur conviennent pas avant de s’en choisir une et d’aller l’ouvrir dans l’orme au-dessus. Les pinsons se nourrissent sur le balcon avec les graines rejetées, les moineaux ont appris à s’accrocher aux boules de graines, ce qui est nouveau. Les gros becs s’assoient carrément sur la mangeoire et il n’y a de place pour personne d’autre. Quand ses messieurs ont fini et daignent s’envoler, les autres petits passereaux qui attendaient leur tour s’empressent de venir se servir. Les verdiers sont les plus agressifs. Le rouge-gorge n’aime pas la compétition mais vu sa taille il n’a pas trop le choix. Les piverts ne s’arrêtent pas de la journée : une par une ils viennent chercher des graines qu’ils vont déposer dans un tronc d’arbre, des réserves pour plus tard.

Un couple de tourterelles timides qui niche dans le cyprès vient de temps en temps mais seulement pour observer et boire. Le nid des pigeons dans le marronnier a été détruit par grand vent et ils ne sont pas revenus cette année. Je les ai vu transportant des brindilles mais je ne sais pas où est leur nouveau nid. Peut-être dans le lierre qui recouvre le frêne mort un peu plus bas…on entend bien des choses de ce côté-là…et on se demande quand ce frêne-là va finalement tomber…

Les jolis geais nous semblent énormes quand ils viennent se servir du beurre. On a dû enrouler le beurrier de grillage fin afin qu’ils ne puissent plus emporter la moitié de son contenu en une seule fois.

Les huppes, les pies et les merles se nourrissent devant la fenêtre de la cuisine où l’herbe est courte, et les prédateurs visibles. On n’a jamais vu le rossignol, le troglodyte, le loriot ou même le coucou qui cette année est bien silencieux. Camille avec ses 93 ans connait plein de choses : elle me disait hier que nous sommes une lune en retard et la lune actuelle est une lune froide. Vu que le changement de lune est aujourd’hui, voila la chaleur qui arrive cette semaine. Le coucou me dit-elle sortira alors.

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