Année de foin, année de rien

Le printemps a été doux et pluvieux, le verger a explosé en couleur et promesse de fruits. Et puis quelques gelées ici et là, et tout a basculé : pas une cerise cette année, quelques pommes seulement sur un des pommiers, les amendes sont véreuses, où sont les kakis ? quelques fruitiers sont morts, les pruniers ont tenu, les poiriers ont des fruits mais le mauvais vent les secoue bien. Le raisin bien gonflé a séché aux premières chaleurs de l’été, les fraises ont du mal, les oignons sont mous.

Par contre c’est une jungle partout et les insectes sont rois. Jamais autant de fleurs, de papillons, de profusion. Les quelques pommes de terre oubliées l’an dernier nous ont donné une belle récolte. Le nashi nous a surpris aussi avec des bons fruits bien croquants…

Noëlle est partie en maison de retraite pas très loin d’ici et elle y est bien. On va aller la voir bientôt avec Raymonde. Pour Mickie c’est compliqué. Les moments d’absence et de confusion sont de plus en plus fréquents la laissant désemparée et malheureuse. Quelques fois furieuse. Elle qui était imbattable au scrabble …et bien plus forte que moi et de loin….Catherine est venue déjeuner la semaine dernière pour la voir et elles ont parlé de ces choses qu’elles aiment tant, alors là plus de problème ou presque.

Par contre elle marche bien. Avec ses bâtons elle part tous les jours faire entre 2 et 4 km. Elle me dit vouloir jouir de chaque moment. Je n’ai pas ça à Paris….Elle veut s’en mettre plein le nez et les yeux parce qu’elle sait qu’elle ne reviendra plus chez nous.

Année de foin, année de rien. Un dicton paysan. Pas besoin d’application sur un portable, ils savent lire le temps, ceux qui sont encore là dans nos campagnes. Le foin, il y en a beaucoup cette année. Le temps a été propice et nous n’en manquerons pas.  Mais le prix a doublé et celui du grain monte.

Mais ce soir on n’y pense pas. C’est la grande fête annuelle d’été au village. Le repas est prêt sous les platanes derrière la salle des fêtes pour les quelques deux cent cinquante qui ont réservé bien en avance. Les jolies tables comme des longues chenilles colorées attendent les familles. La bandas qui joue fait tourniller les enfants. Le bar rassemble les amis et voisins qui rient fort dans leur tenue propre de sortie, l’orchestre est là, et puis il y aura le feu d’artifice un peu plus tard au Pech Calem qui sera plus beau et plus grand que d’habitude…

Année de foin, année de rien. J’ai mal au ventre.

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